Éditorial Donatienne Hissard

Quels sont les faits marquants de ces premiers mois passés à la tête de Campus France ?

Donatienne Hissard — La crise ukrainienne, bien sûr, qui nous a amenés à mettre en place en urgence des dispositifs de soutien aux étudiants déplacés. Sur une note plus positive, l’année 2022 a confirmé le rebond des mobilités étudiantes internationales. L’Agence a su accompagner les crises et cette reprise en se démultipliant, et je veux saluer l’engagement des équipes de Campus France. Il faut célébrer nos succès en 2022 : je pense au retour gagnant des activités de promotion en présentiel, que ce soit avec des salons internationaux (NAFSA, EAIE) ou nationaux qui ont retrouvé leur niveau d’avant crise. À noter aussi la participation record des établissements et de la communauté universitaire au sens large aux temps forts qui ont rythmé l’année : le colloque de l’Accueil, le Forum Campus France et les Rencontres qui ont rassemblé plus de 700 personnes en fin d’année.

On peut se réjouir aussi de la visibilité et de l’influence de l’Agence dans son écosystème : Campus France est devenue la 2^ème institution la plus influente du secteur sur Twitter, derrière le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Une étude comme celle que nous avons menée sur l’impact économique des étudiants internationaux a également été largement reprise dans les médias.

Partout, Campus France est sollicitée pour partager son expertise. Tout cela est le fruit du travail et du grand professionnalisme des équipes de l’agence.

2022 est aussi une année de crises multiples, dans un secteur en pleine recomposition. Comment l’Agence a fait face à ces évolutions ?

D. H. — La pandémie de Covid, qui a rebattu les cartes de la mobilité internationale, a en quelque sorte servi de répétition générale pour d’autres crises. Comme je l’indiquais, la guerre en Ukraine nous a amenés depuis février 2022 à nous mobiliser : nos efforts ont contribué à placer 350 étudiants déplacés d’Ukraine sur les 2 215 qui ont été accueillis en France. Campus France a aussi mis en place sur financement du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères un programme de formation en français langue étrangère qui a permis d’accueillir 350 étudiants ukrainiens dans un centre FLE début 2023.

Dans le même temps, les autres crises, en Afghanistan, en Syrie, au Liban, et depuis peu en Iran, ne connaissent pas de trêve. Mais surtout, cette nouvelle guerre, en provoquant une crise alimentaire et énergétique mondiale, a créé une 2^e onde de choc sur un monde déjà fragilisé au plan économique et géopolitique, créant la volonté de s’expatrier pour de nombreux étudiants, en particulier d’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient. Nous devrons répondre à ce désir de France, au Sénégal, en Iran, au Liban, au Burundi ou ailleurs, sans pour autant alimenter un « brain drain ».

Avec votre arrivée, Campus France s’est aussi dotée d’une nouvelle feuille de route pour les années à venir. Quelles sont les principales orientations que vous avez données à l’Agence ?

D. H. — Ma nomination comme nouvelle directrice générale de l’agence a coïncidé avec plusieurs changements majeurs : la nomination d’un nouveau gouvernement et la formalisation d’un nouveau contrat d’objectifs 2023-2025 pour l’Agence. Mes priorités s’inscrivent dans la feuille de route de l’influence définie par le MEAE, qui embarque tous les éléments de la coopération scientifique et culturelle française.

Lors des Journées du réseau de coopération à l’été 2022, Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, a d’ailleurs reconfirmé les objectifs de la stratégie « Bienvenue en France », lancée fin 2018, notamment celui d’accueillir 500 000 étudiants étrangers en France d’ici à 2027. Nous avons bon espoir d’atteindre cette cible du demi-million d’étudiants : en 2021-2022, nous avons ainsi enregistré de très bons chiffres et dépassé les 400 000 étudiants étrangers inscrits dans l’enseignement supérieur français, en hausse de 8 % sur un an. Les chiffres pour la rentrée 2022 nous confortent également dans cette analyse, avec une augmentation de 14 % des dossiers de candidatures soumis sur Études en France par rapport à la campagne antérieure.

Pour 2023, les chantiers s’annoncent nombreux et passionnants. Nous continuerons à déployer nos efforts de promotion sur les zones prioritaires - l’Indo-Pacifique, l’Afrique, l’Europe et les Balkans – et porterons une campagne de communication renouvelée autour du message « Skills and Friends for life », davantage centré sur l’expérience de la mobilité et l’expérience France. Nous allons aussi nous atteler à redynamiser le réseau des Alumni, auquel une journée mondiale sera consacrée au printemps. L’amélioration de la qualité de l’accueil et la mise en œuvre d’une démarche qualité globale constitueront un autre chantier prioritaire.

Enfin, je souhaite en 2023 que Campus France se dote d’une feuille de route ambitieuse en matière de développement durable et d’inclusion. Il s’agit là d’une évolution nécessaire pour l’ensemble du secteur de l’enseignement supérieur français, mais aussi, j’en suis convaincue, d’un levier d’attractivité pour la jeunesse que nous cherchons à attirer.